Le procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Rais à Alger a émis, le 21 mars 2021, quatre mandats d’arrêt internationaux à l’encontre d’activistes sur le net établis à l’étranger et un dirigeant de l’ex mouvement islamiste dissous en 1992 : le Front Islamique du Salut (FIS), qui après avoir rejoint les groupes terroristes avait été condamné en 1994 à la peine capitale, avant de bénéficier des dispositions de la loi sur la Concorde civile… Son nom : Mansouri Ahmed.
Poursuivis pour «atteinte à l’ordre public, la sécurité et la stabilité de l’Etat» et accusés d’appartenir à un groupe terroriste, les autres personnes visées sont Mohamed Larbi Zitout ex diplomate résidant au Royaume-Uni, Amir Boukhors, blogueur connu sous le nom d’«Amir Dz», Hichem Aboud, l’ex officier des services secrets algériens, et Mohamed Abdellah un sous-officier déserteur de la Gendarmerie nationale algérienne.
Installé en France, Amir DZ, auteur de vidéos hostiles au pouvoir en place à Alger, a été condamné à plusieurs reprises pour «chantage», «menaces» et «diffamation à travers les réseaux sociaux». Quant à Hichem Aboud, l’ancien membre des services secrets algériens et journaliste installé également en France, il a été condamné en février dernier à sept ans de prison par contumace pour « atteinte à l’unité nationale » et « participation à une entreprise de démoralisation de l’armée ». Un mandat d’arrêt international a été émis contre eux pour ces faits.
Selon le parquet de Bir Mourad Rais, Ahmed Mansouri, qui a été arrêté le 28 Février 2021, a utilisé des documents falsifiés pour retirer des pièces d’identité, des documents de voyages, et aurait créé, avec Mohamed Larbi Zitout, des sociétés qui lui ont permis de bâtir un réseau de financement d’activités subversives à travers le mouvement Rachad.
Larbi Zeitout, 57 ans, a fondé en 2007 le mouvement islamiste Rachad, illégal en Algérie. Il a été en poste à l’ambassade d’Algérie en Libye en 1991. Puis en 1995 il s’est exilé à Londres.
Le mouvement Rachad regrouperait d’anciens militants du FIS dissous et serait soupçonné de chercher à infiltrer et entraîner dans la violence le mouvement pacifique pro-démocrate du Hirak, né en février 2019 pour réclamer un changement radical du régime politique de l’Algérie.
Mansouri Ahmed a selon la même source « reçu des sommes importantes (50.000 Dollars) utilisées sous le couvert des sociétés pour le financement des activités secrètes du Mouvement Rachad, notamment la location de biens pour abriter les réunions dudit mouvement »
De ce fait, Larbi Zitout est poursuivi pour « gestion et financement d’un groupe terroriste ciblant la sécurité de l’État et l’unité nationale, faux et usage de faux et blanchiment d’argent dans le cadre d’une bande criminelle », selon le communiqué du parquet publié par l’agence officielle algérienne APS.
Le blogueur Amir Dz (38 ans), l’ancien cadre des services de renseignements algériens et journaliste Hichem Aboud (65 ans) et Mohamed Abdellah, sous-officier de la gendarmerie réfugié en Espagne, sont eux poursuivis pour « adhésion à un groupe terroriste ciblant la sécurité de l’État et l’unité nationale, financement d’un groupe terroriste ciblant la sécurité de l’État et blanchiment d’argent dans le cadre d’une bande criminelle », précise le communiqué sans mentionner le nom du groupe incriminé.
Ils auraient tous été en contacts, selon les investigations techniques opérées par les services spécialisées de l’Armée algérienne, avec Ahmed Mansouri afin de « mettre sur pied des plans d’atteinte à l’ordre public notamment l’exploitation du Hirak que vit le pays dans l’objectif de le faire sortir de son caractère pacifique« , ajoute-t-on de même source.
Aussi, le procureur a émis un mandat d’arrêt international à l’encontre de Mohamed Larbi Zitout, Aboud Hicham, Amir Boukhors et Mohamed Abdellah, qui risquent de 10 ans de prison à la perpétuité pour ces faits selon le code pénal algérien.
Fabienne Outar