Le Youtubeur et opposant algérien Mohamed Abdellah est au coeur d’un inquiétant imbroglio politique et judiciaire en Espagne. Arrêté le 11 août dernier et placé en détention dans un centre de rétention par les autorités espagnoles, ce youtubeur accusé d’appartenir à une organisation terroriste par le régime algérien risque effectivement d’être extradé dans les heures à venir vers l’Algérie.
Selon les informations recueillies et confirmées par la Rédaction d’Algérie Part, le ministère de l’Intérieur espagnol a donné officiellement son feu vert ce samedi 21 août pour organiser son extradition vers Alger qui réclame sa tête après l’avoir accusé d’ »adhésion à un groupe terroriste ciblant la sécurité de l’État et l’unité nationale, financement d’un groupe terroriste ciblant la sécurité de l’État et blanchiment d’argent dans le cadre d’une bande criminelle ». Cependant, cette décision du ministère intérieur espagnol risque d’être annulée par la Justice espagnole si celle-ci se saisit de ce dossier et étudie minutieusement les recours déposés par les avocats de l’opposant exilé algérien.
Or, a-t-on pu confirmer au cours de nos investigations, la Justice Espagnole ne peut rendre une décision qu’à partir de lundi prochain puisqu’aucun tribunal ne peut statuer sur cette affaire au cours du week-end. D’après les juristes que nous avons pu consulter, les lois espagnoles autorisent le ministère de l’intérieur à expulser Mohamed Abdellah si aucun verdict de la Justice ne dresse le moindre obstacle. Et pour cause, Mohamed Abdellah fait l’objet d’une expulsion pour séjour irrégulier sur le territoire espagnol, a-t-on pu confirmer au cours de nos recherches. En clair, il est considéré comme un simple « Harraga » puisqu’il ne dispose d’aucun statut qui le protège auprès des autorités espagnoles.
Mohamed Abdellah avait déposé une demande d’asile politique qui avait été refusée récemment par les autorités espagnoles, indiquent nos sources. C’est pour cette raison qu’il se retrouve depuis maintenant 10 jours dans un centre de rétention en présence de plusieurs autres Harragas algériens que l’Espagne veut expulser ou rendre aux autorités algériennes.
Privé du statut de réfugié politique, Mohamed Abdellah se retrouve ainsi dans une posture très délicate et seule la Justice Espagnole peut intervenir pour ralentir ou bloquer son expulsion pour des « motifs humanitaires » en raison du risque élevé de persécutions et de tortures qui menacent son intégrité physique s’il est capturé par les services de sécurité en Algérie.
Il faut dire que le pouvoir algérien en veut particulièrement à Mohamed Abdellah qui est un ancien sergent-chef de la Gendarmerie algérienne. Dés sa fuite à l’étranger, cet ancien gendarme s’est établi à Alicante au sud de l’Espagne et s’est fait connaître notamment par sa chaîne YouTube, très suivie en Algérie dans laquelle il avait dénoncé et révélé plusieurs scandales concernant les dérapages des forces de sécurité et leur implication dans des grosses affaires de corruption.
En Algérie, Mohamed Abdellah ne pourra certainement pas bénéficier d’un procès équitable et juste au regard de la cabale judiciaire et politique dont il est victime depuis mars 2021 date à laquelle il est considéré officiellement comme « terroriste » par les autorités algériennes. Le destin de cet exilé algérien est plus que jamais entre les mains de la Justice espagnole qui peut le sauver d’une triste et terrifiante fin en Algérie.